Le touriste qui visite Boulogne sur Mer et gare sa voiture sur le parking du boulevard Sainte Beuve peut il imaginer qu’en levant les yeux vers la falaise , à peu près au niveau de l’emplacement actuel de la statue de San Martin, qu’un des monuments les plus importants de l’antiquité était érigé à cet endroit. Des vestiges de la tour Caligula également appelée Tour d’Odre subsistèrent jusqu’environ 1930 au bord de la falaise , quelques cartes postales nous permettent de visualiser ces restes.
Deux mille ans auparavant , en 39 après J.C , l’empereur romain Caligula qui projetait de débarquer en Angleterre, renonce à cette invasion ; en contrepartie il décide de construire un édifice monumental : un phare où les feux devaient briller toutes les nuits comme à Alexandrie.
Quelques années plus tard après l’invasion de l’Angleterre , le pendant de la tour Caligula sera bâti à Douvres. La navigation dans le détroit du Pas-de-Calais sera ainsi facilitée pendant des siècles. Charlemagne la restaure en 811. En 1544, les Anglais l’entourent d’un fort en briques avec quatre bastions d’angle. Le phare sera utilisé jusqu’au XVIIe siècle. Le recul de la falaise sur laquelle il reposait et le travail souterrain des sources lui seront fatals. Le fort et la tour s’écrouleront en deux fois selon les uns, en trois fois selon les autres de 1640 à 1644, avec le massif même de la falaise sur lequel ils reposaient. La dernière chute date du 29 ou 30 Juillet 1644.
La description de ce monument également appelé Tour d’Odre est donnée dans l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert et dans deux manuscrits conservés à la Bibliothèque du Louvre :
«C’était un bâtiment octogone ; sa hauteur sans y comprendre les 6 pieds de fondation (1m95) , était de 124 pieds (40m30) , en douze étages qui allaient tous en diminuant vers le haut. Le premier étage avait 224 pieds (72m80) de circuit et chacun des côtés 28 pieds ( 9m10) de longueur. La circonférence du dernier était de 40 pieds (13m) et le côté de 5 ; il avait une porte à chaque angle et par conséquent 96 portes, non compris celle de la lanterne. L’escalier par lequel on montait au sommet était pratiqué dans le mur intérieur. Toutes les nuits on y allumait un feu pour guider les vaisseaux qui se trouvaient dans les parages . Elle était bâtie de briques et de pierres variées, de façon qu’elle formait un mélange de couleur qui rendait l’aspect général très agréable. D’abord on voyait trois assises de pierres semblables à celles que l’on trouve sur cette côte et qui sont d’un gris de fer coloré ; ensuite deux assises de pierres jaunâtres et au dessus de celles-ci deux rangées de briques d’un rouge hardi.. l’arrangement de ces matériaux avait lieu sur toute la hauteur du bâtiment ».
dessin de la Tour sous la domination anglaise du XVIe siècle
Restes de la Tour après l’effondrement de 1644 ( Musée de la Marine)
La tour de Douvres pendant de la Tour d’Odre
La tour de Douvres