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 REGARDS SUR L HISTOIRE : LA COMMUNE DE BAZINGHEN

 

 ouvrage disponible au prix de 20 euros + frais d’envoi ; contact : Association Histopale histopale@orange.fr

 

Sur un mont qui domine la contrée de Marquise, dans une clairière de la vieille forêt druidique, dans des temps très lointains, des hommes ont bâti une agglomération de cases. Ils vivent et meurent dans ce village qui gardera son nom celtique : BAZ – INGHEN, c’est-à-dire l’enclos de BAZ qui par la suite s’agrandira, prospèrera, s’imposera pour faire, avec toutes les vicissitudes de l’histoire, la cité que nous connaissons aujourd’hui.

         Maîtres du sol par la victoire sur les Morins (cet ancien peuple de la Gaule Belgique et nos lointains ancêtres ), les Romains ont traversé le pays. Dans les contrées conquises, les légions ont tiré, à travers champs, le ruban des routes, et au bout, ils ont installé des colonies florissantes.

          Après eux, les Francs sont venus et, ayant comme tous les germains horreur des villes, ils ont installé leur vie agreste dans de fraîches métairies où paissent les troupeaux. Dans l’immense forêt, ils ont continué d’aménager de vastes clairières. Bazinghen a encore connu les dévastations des invasions venues de la mer. Puis au cours de la période de paix relative qui suivit, nos ancêtres sont devenus agriculteurs à part entière, attachés à leur terre, mais toujours méfiants et sur le qui-vive.

             Un moine et quelques compagnons, Sylvains roux comme les bois qu’ils rencontrent, s’installent dans le val solitaire sur le bord des marais, défrichent et assainissent. Leur cellule est devenue un moutier où des hommes, à l’heure où la cloche tinte, par le travail et la prière, cherchent à se rapprocher de Dieu. C’est l’époque de l’évangélisation.

               Un propriétaire rural, fier de son alleu et décidé à le défendre contre toute agression, a élevé un donjon sur le point le plus élevé, son château dominant la forêt et plus en contrebas de belles prairies baignant dans des marais assainis.  Le maître, comme un loup dans son hallier, dans ce coin égaré à la frontière d’un comté naissant, promis à de dures épreuves, entre ses quatre murs rugueux, vit là avec les siens, animé de sentiments étroits, méfiant à l’égard du Seigneur voisin, du  marchand qui passe. Il partage son temps entre la chasse et la guérilla. Les ponts sont souvent levés et les épieux brillent derrière les poutres bardées de fer. Tel est Bazinghen au Moyen-Age, comme beaucoup d’autres villages, l’embryon qui augure de la cité d’aujourd’hui.

                 Dans la suite des siècles, le Boulonnais fut un champ de bataille, une marche guerrière, considérés comme « les confins militaires du royaume de France ». A l’Occident, l’Anglais, à l’Orient, le Bourguignon, l’Espagnol au sud, des ennemis héréditaires contre qui l’on bataillait de père en fils. « Les troupes boulonnaises » cas unique en France, avaient  leur spécificité. Dans l’infanterie ou la cavalerie, les gentilshommes et les laboureurs propriétaires étaient officiers-nés et commandaient les gars des paroisses. Les habitants de Bazinghen n’ont pas failli à leur devoir ; ils ont donné des officiers de talent, des fantassins et cavaliers toujours prêts à défendre leur Terre.

                  Sentinelle avancée du comté de Boulogne, la région de Bazinghen, comme beaucoup d’autres sites voisins, était fortifiée. Au Moyen-Age, elle possédait quelques châteaux et mottes seigneuriales. Les hameaux que nous connaissons aujourd’hui sont autant d’anciens fiefs avec leurs châteaux ou leurs manoirs. Ceux-ci n’étaient pas sérieusement fortifiés. Tout juste étaient-ils disposés à résister à un coup de main ou à une attaque de brigands. Le confort était absent, l’âtre était immense, les tourelles contenaient les escaliers à vis. C’étaient surtout les colombiers et les donjons qui faisaient la fierté du gentilhomme.  Seules, aujourd’hui, quelques inscriptions sur des pierres usées par le temps ou les restes de fondations, témoignent de ce passé.

                     Alors, progressivement, comme l’oiseau bâtit son nid, notre village dessinait ses limites et plantait son décor pour la suite des siècles. Tout doucement, Bazinghen va se peupler. De nouvelles demeures, de nouveaux manoirs, des fermes, des moulins abriteront des familles dont le nom, de génération en génération, arrivera jusqu’à nous. L’église avec sa tour massive va dominer toute notre région. Des hameaux vont ceinturer le mont. Le charron ouvrira son atelier, le maréchal-ferrant sa forge. Au cours des derniers siècles, notre village va connaître les guerres interminables, l’occupation étrangère, et souffrir particulièrement de la dernière guerre mondiale. Entre temps, il n’aura jamais été épargné par les épidémies, les maladies souvent causées par les marais insalubres.

                 Bientôt, les torchis feront place aux pierres ou à la brique, l’ardoise et la tuile se substitueront au chaume. Notre village prendra la physionomie que nous lui connaissons aujourd’hui.

                   Fidèles à une tradition venue du fond des âges, nos paysans élèveront et amélioreront sans cesse la noble race des chevaux boulonnais. Nos éleveurs comprendront très vite que les conditions du milieu sont très favorables à l’élevage du cheval de trait. Le sol est riche en éléments minéraux, en chaux, en phosphates ; il en résulte cette race au squelette puissant et au tempérament énergique. Par ailleurs, les moutons, le beurre vont acquérir une solide renommée.

                  Avec l’évolution de l’agriculture moderne, nos grands-pères ont remisé au rayon des antiquités la faux, le fléau, le caricle[1]… Le cheval, fierté de nos éleveurs a presque disparu. Le forgeron, le menuisier, le charron, le bourrelier ont fermé boutique. Les moulins ne tournent plus. C’est avec nostalgie que nous regrettons  un peu cette époque où l’on prenait le temps de vivre, tout simplement, au rythme des saisons.

                     Avec la civilisation des loisirs et du temps libre, des citadins viennent s’installer au village. La pêche, la chasse au gibier d’eau, les excursions et les randonnées font connaître notre village qui réserve à tous son charme un peu désuet mais combien attachant. Nous souhaitons qu’il reste longtemps encore un vieux village du Boulonnais.

 

                                                                                               Marcel  EVRARD.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



[1] Caricle : Tombereau à usage agricole.

 

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