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Extrait de l’ouvrage de Daniel Leunens "Audresselles – Eléments d’une histoire" aux éditions A.M.A /  Histopale

L’ Eglise d’ Audresselles

   L’actuelle église d’ Audresselles a été construite au XIII° siècle . Elle avait été précédée d’un autre édifice, la Chapelle de la Sainte Trinité, annexe au chateau de Guy d’ Oderselles qui se trouvait au centre géographique du village, emplacement maintenant gagné par la mer.  

   De la première église d’ Audresselles, il ne reste rien. Sa crypte avait été aménagée sur une faille dans le grès portlandien et sa partie la plus proche de la grande rue avait été utilisée comme cave d’habitation jusqu’au début du XX° siècle. L’abbé RIDOUX y recense encore vers 1870 plusieurs familles; il n’y reste en 1930 que Maurice LISSE. Le chalet LÜLING (villa Ste Claire) fut construit sur ces caves.

   L’éloignement de l’église actuelle par rapport au village a causé bien des interrogations. On a même imaginé qu’elle était au centre du premier «Selles» auquel aurait succédé l’ «Autre Selles». En fait, ce sont les très riches propriétaires du domaine de Selles ( actuellement Ferme de Selles) qui ont offert le terrain et certainement participé à la construction de l’édifice afin que le lieu de culte soit facilement accessible tant aux habitants du village qu’à ceux des hameaux agricoles et en particulier celui de Selles. On en voyait encore au début du siècle la flagrante illustration dans la présence des quatre sautoirs.

   L’ édifice, à l’origine avait de vastes proportions . On distingue encore l’emplacement des transepts sur deux des faces de la tour. Sa longueur était par ailleurs plus importante, atteignant presque l’actuelle barrière du cimetière. Les troubles liés à l’occupation anglaise la laissent presque totalement détruite. La paroisse est d’ailleurs succursale d’ Audinghen jusqu’en 1651 date à laquelle on érige Audresselles en cure.

   Le premier curé d’ Audresselles fut alors Jean DELATTRE, natif d’ Audinghen. Il y eut 18 curés nommés avant la Révolution Française et 23 après le rétablissement du culte. Bien que paroisse reculée, certains de ces desservants avaient une trempe et une personnalité qui marquèrent considérablement les esprits.

  De 1673 à 1712, Thomas MARESCHAL exerce le plus long ministère. Il est qualifié par un de ses successeurs de «riche et généreux». On lui doit l’aménagement du premier presbytère, rue Saint Jean.

  L.A. COQUELIN , nommé à la cure d’ Audresselles en 1782 doit remettre le 3 décembre 1792 ses registres au Maire de la commune et c’est un prêtre «juré», nommé MERLIN, qui lui succède. Un enfant d’Audresselles, Jean Pierre REMY, né en 1769 se destine à la prêtrise ; dans la tourmente révolutionnaire, il suit Mgr ASSELINE à l’étranger où il est ordonné diacre en 1791. Prêtre à Hildesheim en 1792, il occupe la cure d’Hervelinghen et Saint- Inglevert avant son arrivée à Audresselles en 1812.

                               

  En 1862, l’ Abbé Antoine RIDOUX arrive à Audresselles; il exerce son ministère jusqu’en décembre 1866 et tente de dresser un historique de la paroisse dans un manuscrit intitulé «Registre de Paroisse» tel que l’avait demandé Mgr PARISIS en 1854. Après son ministère, Antoine RIDOUX reste à Audresselles et se trouve élu conseiller municipal en 1871

  Un autre prêtre Eugène MATHOREL, dynamique, parfois fougueux, est nommé à la cure lors des lois de 1905 appliquant la séparation entre l’ Eglise et l’ Etat. Il subit l’épreuve de l’inventaire qu’il relate dans le «Télégramme du Pas-de-Calais»  L’affaire fait beaucoup de bruit dans la commune ; après un premier refus de laisser procéder à l’inventaire en février 1906, Eugène MATHOREL voit l’église investie par les dragons le 6 mars 1906. Il refuse à nouveau d’ouvrir l’église. Lla porte principale est fracturée puis celle de la sacristie. L’attitude de la population est menaçante car tous les gamins qui ont vu la troupe traverser le communal au galop ont ameuté les habitants ; certains aimeraient profiter de l’occasion pour en découdre avec les gendarmes qu’ils n’aiment guère. Le curé calme les ardeurs et fait chanter des cantiques.

  Eugène MATHOREL succombe lors d’ un tragique accident. A l’occasion du nettoyage de l’église pour les fêtes du 15 Août, il fait une chute mortelle. Gustave DANQUIN note à ce propos dans son journal: 12 Août 1912. Le Curé d’ Audresselles se tue accidentellement en tombant du grand autel. Il n’était âgé que de 35 ans. Très militant, il avait essayé par tous les moyens de faire supprimer dans les deux écoles le manuel «Guiot et Mané», moins acharné depuis 6 mois devant l’inertie que les parents opposaient à ses démarches, il n’avait pas encore désarmé cependant. Une nombreuse assistance est présente à son enterrement. Le Conseil Municipal, devant les circonstances douloureuses du décès vote un crédit de 300 francs pour frais funéraires, d’autant plus que le défunt était sans fortune.»

                     

   Durant la période de l’ Occupation allemande, l’ abbé Pierre BOURGAIN fait preuve de beaucoup de courage et juge très sévèrement la population :

  1942 La Semaine Pascale a été prêchée par moi-même, elle fut bien suivie. Il faut dire que nous avons dans notre assistance quelques familles d’ Audinghen qui ont échappé à l’évacuation. Ne voulant pas être privées de leurs devoirs religieux, elles viennent à Audresselles s’y soumettre. C’est un bon exemple pour les nôtres. Les Pâques furent nombreuses ; cependant, c ’e st toujours la marine qui ne donne pas. Ils ne savent même pas reconnaître la protection que Dieu leur a si visiblement accordée. Les jeunes marins, je veux dire ceux en âge d’être mobilisés sont restés chez eux alors que les paysans jusqu’à 42 ans l’étaient. De plus, comme nous le faisions remarquer plus haut, aucune victime. Que leur faudra t-il donc pour être secoué ? Malheureusement, l’occupation, au point de vue moral, est très néfaste. Les jeunes filles pour la plupart travaillent pour ces Messieurs, se conduisent très mal. Les commerçants et certains fermiers font le marché noir, il n’y a plus aucune conscience pour rien. Comment pourra t-on remonter pareil courant ? …… 1943 – La nouvelle année ne nous a pas encore amené la Libération. Pour quand sera-ce ? 

   De tels souhaits, exprimés par écrit en 1943 en pleine zone interdite auraient pu valoir à l’ abbé BOURGAIN de sérieux ennuis !

              

   

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